R.Baggio, le 21 févr. 2020 - 20:49, dit :
(1)J’ai associé le 8+3 au jeu italien dont les joueurs italiens étaient le vecteur. Évidemment le 8+3 était obligatoire partout, mais les spécificités (notamment défensives) du jeu italien requièrent une cohésion particulière, que permettait le socle italien, qui permettait de facto d’appliquer ces préceptes avec le succès que l’on sait.
En écartant progressivement (tout ne s’est pas fait en un jour) les joueurs italiens, les dirigeants de club ont éradiqué le jeu italien qui allait avec, et réduit l’efficacité de nos clubs sur la scène internationale.
Encore une fois, on ne parle pas d’un poteau dans une prairie : tout le premier tiers de la Serie A pouvait prétendre à une victoire en coupe d’Europe !
Pour reprendre un point maintes fois cité à l’époque, qui n’est évidemment plus d’actualité : on disait qu’une équipe italienne menant au score ne se faisait jamais remonter. Était-ce dû au hasard ? Non, c’était dû à l’adéquation entre une culture, une formation et une cohésion propres à l’Italie, que nous avons troquées contre les mosaïques d’individualités que l’on peut observer aujourd’hui, dont le bilan sportif est juste lamentable.
Donc, oui, bien sûr, le 8+3 a construit les succès de l’Italie, et les politiques mortifères de nos dirigeants de clubs ont provoqué l’inversion des valeurs et des résultats.
Au niveau du jeu, les idées actuelles sont mondialisées, donc assez proches de ce qui se fait ailleurs. Quant à l’argent, on ne sait plus ce qu’il faut penser : le Milan dépense 437m en 3 ans, plus de 100m l’été dernier et on nous dit qu’on est pauvres. Une chose est sûre : il est très mal dépensé.
Je rappelle que Maldini et Baresi, par exemple, avaient été formés avant l’arrivée de Berlusconi. Ces joueurs-là, comme Costacurta, Albertini, Evani et d’autres, avaient donc beaucoup moins coûté au club à l’époque que les charlots qui composent notre 11 titulaire actuel. Bizarrement, on a plus gagné avec les premiers qu’avec les derniers. Cherchez l’erreur.
La plupart des champions du monde 2006 avaient été formés avant l’arrêt Bosman, donc l’Italie post-Bosman a reposé quelque temps sur les acquis des années précédentes. D’ailleurs, faut-il rappeler que le Milan a gagné la ldc 2003 avec un 6+5 et la ldc 2007 avec un 7+4 ?
Comme je l’écris plus haut, les dirigeants n’ont pas pu virer tout le monde tout de suite. Remarque, le Milan a tenté le coup entre 1996 et 98, en recrutant les Bogarde, Reiziger, Dugarry, Andreas Andersson, Ba, Ziege, etc. Dois-je rappeler les détails de cette mésaventure et la réitalianisation concluante et nécessaire qui s’est ensuivie ?
En effet, personne n’a appliqué ce ratio depuis le Barça, qui a régné sur l’Europe pendant 5 ans, (même si Manchester et le Bayern ont remporté des ldc avec de nombreux nationaux sur le terrain).
Donc, les équipes actuelles ne sont bien que des mosaïques d’individualités, avec une prime au plus riche la plupart du temps. Dans les années 90, Manchester United était le club le plus riche d’Europe, et s’effondrait la plupart du temps dans les compétitions européennes, face à d’autres clubs moins fortunés, mais pourvus d’autres atouts.
Ce que j’appelle désinformation, c’est précisément la négation de la corrélation entre l’italianité et les succès italiens pré-Bosman. C’est nier l’essence même du football italien, qui s’est construite pas-à-pas après le drame du Superga, par l’intermédiaire de Gipo Viani (au prix de prises de bec avec Liedholm d’ailleurs), de Nereo Rocco (il Catenacciaro, s’il vous plaît), de Capello et d’autres, pour ne citer que des Milanais. C’est mépriser des décennies de labeur et de persévérance pour aboutir à une hégémonie incomparable.
Quand on sait que vote du Brexit s’est construit très largement sur le thème de l’immigration, et que la fédé anglaise caresse depuis longtemps le rêve d’une réanglicisation de ses clubs, j’ai tendance à penser qu’elle saura user intelligemment de son indépendance, et qu’elle augmentera progressivement le nombre des nationaux dans ses clubs, sans pour autant exclure les étrangers de talents. Comme la désitalianisation s’est faite sur plusieurs années, la réanglicisation prendra du temps, évidemment, mais elle adviendra forcément, tôt ou tard.
C'est bien ce que je dis, on parle des idées. Le reste n'est évidemment qu'une supposition de ta part que tu passes sous la doctrine du fait, mais le raisonnement s'arrête a cette première partie. L'Italie a crée quelque chose qui lui a permis de se mettre en avant et de dominer le monde du football. Et elle n'a pas su s'adapter a l'évolution du football, sur tout les points, en ayant des wagons de retard sur les autres, pour devenir la risée du football. Dire que c'est le 8+3 qui est le fait du succès énorme et sa disparition la cause de tout les maux est un raccourci proche du viaduc de Millau simplement pour avancer ce que toi tu souhaites ardemment. Que tu souhaites son retour, pourquoi pas, aucun droit de regard la dessus. Le reste n'est que supposition. Et par moment des suppositions un peu farfelues.
Me concernant je reste convaincu que la priorité est d'abord de retrouver des gens compétents à tout les coins de rues car c'est ce qui manque actuellement. Les professionnels Italiens n'ont pas su évoluer, n'ont pas vu l'évolution du football (car le football comme tout sport évolue et croire que ce qui a marché à une période X marchera forcément si on la remet est une ineptie folle. On peut s'extraire du football et observer cette analyse sur d'autres sports d'ailleurs), ne savent plus former, ne savent plus recruter, ne savent plus gérer un club et ne savent encore moins vendre un championnat. On se retrouve avec un championnat faible, avec des stades vétustes, avec des polémiques chaque weekend pour des sauvages dans les tribunes, avec des Italiens nuls et qu'on fait passer pour des stars parce qu'ils savent faire trois matchs corrects et parce qu'on a une quantité astronomique de tocard qui continuent a être en poste en Italie malgré une incompétence avérée.
A partir du moment où l'argent ne viendra qu'avec une amélioration drastique du niveau et de l'emballage autour du championnat, il est bien plus essentiel de d'abord mettre des gens qui pensent football que de faire dans du calcul mathématique de quota alors qu'en l'état, ce résultat n'aurait pour but que d'enfoncer la Série A en deuxième/troisième division de l'échelle européenne vu la situation actuelle.